Hiroshima 

07/01/2016
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En planifiant un passage par le Japon, il était hors de question pour moi de passer à côté d’une des grandes tragédies de son histoire, même si je me doutais que ce ne serait pas un moment de plaisir… Mon petit faible pour l’histoire et les événements passés, si terribles soient-ils, l’emporte toujours !
C’est le 6 Août 1945 à 8H15, que Hiroshima subit le premier bombardement atomique mondial. La ville fut presque entièrement dévastée et de nombreuses vies soufflées. Les survivants subirent de graves séquelles physiques et morales et, aujourd’hui encore, nombre d’entre eux endurent de grandes souffrances. Nous avons donc visité son Musée du Mémorial pour la Paix. Celui-ci présente des affaires ayant appartenu aux défunts, des photographies de l’horreur de l’irradiation, une collection d’objets, une vue « avant-après », un exposé du contexte historique, etc… Le musée fut déclaré Trésor national, et ce fut alors une première pour un monument d’après-guerre.


Encore une fois, c’est une visite qui prend les tripes et qui secoue un peu… On en ressort un peu hagards mais surtout un peu moins bête. On traverse le parc- tel un sas de décompression-pour découvrir toute une ribambelle de monuments plus ou moins austères ou symboliques, comme par exemple le “monument en T ” contenant une flamme allumée en 1964 qui brûlera tant qu’il y aura des armes atomiques opérationnelles dans le monde et appelle donc à la vigilance. Plus loin se trouve ce qu’on appelle “le Dôme de Genbaku”. Ce fut le seul bâtiment à rester debout près du lieu où explosa la bombe.

Nous traversons la rivière pour l’approcher et c’est ici que nous rencontrons Aurelie et Mito Kosei.
Aurélie est une étudiante française originaire de Toulouse qui a consacré sa recherche de Master à la mémoire du bombardement atomique. Nous avons eu beaucoup de chance de croiser sa route ce jour-là. L’écouter était vraiment instructif et passionnant. Elle nous a montré le “point 0”, hypocentre de l’explosion, raconté beaucoup d’anecdotes non-mentionnées par le musée, comme par exemple la signification de toutes les bouteilles d’eau qui jonchent le sol dans cette ville …
L’eau est ce que les victimes ont demandé le plus après l’explosion. Elle leur a été refusée par les soldats et les médecins venus les secourir. La pluie noire qui tomba sur Hiroshima quelques heures après le bombardement était chargée de poussières très radioactives qui contaminèrent tout, eau et personnes. Les bouteilles d’eau déposées en offrandes au pied des monuments rappellent les terribles souffrances endurées par les victimes (qui réclamaient alors qu’on leur donne de l’eau) et sont sensées apaiser les âmes des défunts. Nous en avions aperçu d’autres dans les rues, mais Aurélie nous précise que celles-ci ont simplement pour but d’éloigner les chats…


Nous y trouvons aussi de nombreuses cocottes en papier pliées en origami, et pas uniquement à Hiroshima. Selon une légende japonaise, quiconque fabrique mille origamis de grue peut obtenir la réalisation d’un souhait ; c’est dans cet espoir que Sadako, une des victimes de la bombe, commença à plier inlassablement des feuilles de papier coloré. Malheureusement, elle mourût avant d’avoir terminé sa tâche, après avoir tout de même confectionné six cent quarante-quatre grues. Des centaines d’autres enfants ont souhaité suivre sa voie et déposent, depuis, ces origamis symboles de paix au pied du monument de la paix, au haut duquel figure une petite fille, surplombant une cloche de bronze que les visiteurs peuvent faire sonner en guise de recueillement.

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Mito Kosei est un des 7398 survivants de “quatrième classe”, c’est à dire ceux qui ont été exposées aux radiations dans leur ventre de leur mère. A l’âge de 20 ans, il a obtenu un certificat officiel appelé « A-bomb survivor’s health book » (livret de la bombe A). Son histoire est vraiment poignante. Cet homme, prof d’anglais à la retraite se rend chaque jour au même endroit depuis 8 ans devant le dôme, pour y rencontrer en personne les touristes ou simples visiteurs afin de leur raconter son histoire, inlassablement, la même histoire, celle de sa famille et de sa ville, telle une thérapie… Mais surtout, d’après lui “pour dire la vérité, en espérant que l’opinion du monde entier puisse conduire à l’abolition des armes nucléaires”.
Sa mère était enceinte de lui de 4 mois quand elle est entrée dans le centre de Hiroshima, trois jours après le bombardement. Quand il était petit, il était très souvent malade. Sa mère, malgré deux maladies graves, est aujourd’hui toujours en vie et a 97 ans. Son père était à 3 kilomètres de l’hypocentre quand la bombe a explosé, mais il a vécu jusqu’à l’âge de 93 ans. Son grand-père était à 600 mètres de l’hypocentre et il est mort un mois plus tard.
Aurélie a fait un site internet vraiment très intéressant où l’on peut retrouver notamment le récit de Mito Kosei et de sa mère qu’elle a traduit en français…
Voici l’adresse : http://lilih0.wordpress.com

Il est temps de prendre le chemin du retour, mais pas avant de faire une halte au Château de la ville pour y voir son donjon à cinq étages. Celui-ci était à l’origine en bois, mais après la catastrophe, il a été reconstruit intégralement et à l’identique en béton armé.

Cette chanson vous dit sûrement quelque chose ?

Pour la petite histoire, l’avion qui a lâché la bombe, s’appelait Enola Gay, du nom de la mère du pilote.

Maintenant elle risque de ne plus avoir la même saveur pour nous…

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3 comments

  1. Super reportage sur Hiroshima et une très belle rencontre avec cette française! les bouteilles vertes sont en verre?…..

    1. Et oui…?