Dans les entrailles de la “montagne riche”…

01/05/2016
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Allez, trêve d’impatience… Que se passe-t-il donc à Potosi de si… “Périlleux”?

Et bien, c’est là-haut que ça se passe, sur le fameux Cerro Rico qui porte bien son nom de “montagne riche”. Enfin ça, c’était avant… Parce que depuis le 17 juin 2014, le Comité du patrimoine mondial a inscrit la ville sur la Liste du patrimoine en péril, notamment en raison des « activités minières incessantes et incontrôlées ». En effet, secouée par les explosions de dynamite et traversée d’une centaine de kilomètres de souterrains, la montagne menace de s’effondrer en ensevelissant les mineurs, qui y travaillent encore aujourd’hui par milliers.

A l’origine, Potosi était le plus grand complexe industriel du Nouveau Monde au XVIe siècle. Le site alimentait d’ailleurs les caisses du royaume d’Espagne grâce à ses gisements. Pourtant, la ville et ses 200 000 habitants vivent aujourd’hui dans la pauvreté, si bien que personne n’imagine fermer l’exploitation minière, quasiment la seule source de revenus de la région.
Dans cette montagne dont l’altitude est passée de 5 180 m à 4 787 m en raison de l’activité minière, on travaille encore comme il y a 500 ans, à la pelle et à la pioche, et comme on a pu le constater, dans des conditions vraiment insalubres…

Comment ces conditions sont-elles encore possible au 21ème siécle ?

Allez, on chausse les bottes, on met les casques à lampe frontale et on suit la guide de (très) près pour tenter de comprendre tout ça… Et surtout, parce qu’il faut vraiment le voir pour le croire !!!

SAMSUNG CSC
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5 heures à déambuler à travers les couloirs sombres et étroits des mines de Potosi (pas du tout aménagés pour les touristes et c’est tant mieux!) pour tenter de lever les tabous…

Bienvenue dans le monde de Germinal !


En vrac, voici ce qu’on a pu en tirer :
-La mine est déclarée épuisée depuis longtemps, c’est donc plus de l’étain et du zinc que les mineurs vendent aujourd’hui…
-Les mineurs sont organisés en coopérative. Chacun vend ensuite sa récolte à des entreprises privées qui le paye selon les cours internationaux en dollars (d’où une perte d’argent du fait du change en monnaie locale !)…
-Un mineur gagnerait entre 2000 et 2500 bolivianos/mois, alors que le salaire minimum est de 800 bolivianos. Mais il faut encore déduire 30% versés à la coopérative et le prix du matériel perso…
-Les mineurs les plus jeunes ont parfois 14 ou 15 ans…
-Les chariots poussés pèsent en moyenne 2 tonnes…
-Pour tenir le coup et ne ressentir ni la faim, ni la fatigue, les mineurs consomment des feuilles de coca, qui sont mâchés toute la journée avec un peu de chaux éteinte, ce qui démultiplie les effets de la coca… Le tout accompagné d’alcool à 96°!
-Les mineurs font régulièrement des offrandes à Tio (alcool, feuilles de coca, cigarettes…), divinité de la mine, sensée les protéger des accidents…
-Les accidents sont nombreux, souvent causés par la dynamite. Il y a encore régulièrement des morts, environ une trentaine par an !
-Les mineurs souffrent de la poussière de silice, des gaz nocifs comme l’arsenic et du manque d’oxygène dans certaines cavités…
-L’espérance de vie moyenne ne dépasserait pas 45 ans…

Paul ne fait pas d’affront au mineur qui lui tend un bouchon d’alcool à 96°… Après avoir reproduit scrupuleusement le rituel du mineur (en renverser 2x sur le sol pour s’attirer la protection de la déesse de la terre Pachamama ), il le boit cul sec… Argh!!! Ça pique !!! (Même pas mal…). Enfin, il fait bonne figure mais je vois bien les larmes monter moi …?

Un peu secoués, on est bien soulagés d’être aveuglés par la lumière du jour et de pouvoir enfin respirer au grand air ! On ne regardera plus les reportages TV d’M6 de la même façon maintenant…??

 

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2 comments

  1. Quel courage d’aller dans ces mines! Que fait le mineur avec sa lance ?

    1. Il travaille ! Il essaie de faire tomber des morceaux de minerai coincés dans une fente qu’il vient d’ouvrir à la dynamite…