Canberra, “lieu de rassemblement”

12/02/2016
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C’est du moins ce que le nom de la ville signifie en langue aborigène… Et pour cause, car il existe une autre facette de cette ville… En se promenant par hasard autour d’un bâtiment au blanc immaculé qui se révélait être l’Ancien Parlement, nous sommes tombés nez à nez avec la réalité toujours existante des dégâts que peuvent causer le colonialisme sur les populations indigènes.

En face du Old Parliament House, à l’architecture plutôt solennelle, on découvre un site d’un tout autre genre… Une cabane fait face au bâtiment blanc et demande le respect sur un fond de drapeau noir, jaune et rouge. Il s’agit de la célèbre “Aboriginal Tent Embassy”.

Elle est installée ici depuis le 26 janvier 1972, devant le parlement de l’époque, après le refus du gouvernement MacMahon de reconnaître des droits aux aborigènes sur leur terre originelle. Cette ambassade n’est évidemment pas reconnue par le gouvernement. Et pourtant, les aborigènes, premiers habitants de cette terre depuis au moins 40 000 ans, étaient  automatiquement de nationalité australienne, mais aucun traité de colonisation n’a encore jamais été signé par les “non-aborigènes”.

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Il faut dire que leur installation ne joue pas vraiment en leur faveur… Pour assurer une sorte de permanence, ils sont plusieurs à se relayer dans une caravane aux couleurs du drapeau aborigène ou dans des tentes installées dans le parc, éparpillées et dans un état plus qu’aléatoire… On s’approche un peu plus, et là on se dit que le sérieux de leurs revendications paraîtra compliqué à respecter : le site se transforme vite en une sorte de camp de Roms, jonché de détritus et de récup’ de toutes sortes !

Aujourd’hui, il y aurait 670 000 indigènes en Australie, ce qui représenterait environ 3% de la population.

Pour faire court, les colons ont presque décimé la population aborigène. En débarquant au XVIIIeme siècle pour proclamer la loi selon laquelle l’Australie est une terre sans propriétaire, ils ont aussi apporté les maladies européennes, comme la variole, et plus tard la ségrégation raciale et l'”assimilation” (causée notamment par l’obligation de suivre les missions chrétiennes). Le tout visait à ce que tous les aborigènes vivent comme tout australien blanc. Évidemment, leur droit à la terre disparaissait.

Il faut attendre 1992 pour voir une amélioration sensible de leur statut. Mais leurs conditions de vie sont toujours catastrophiques et dramatiques : alcoolisme, drogue, violence, délinquance, chômage… Nous avons pu nous en rendre compte par nous même, surtout dans le centre rouge, à Alice Spring notamment, où les aborigènes semblaient vivre en parallèle avec le reste de la population. On a bien ressenti le côté “rejet” et décalage avec la majorité. Une atmosphère qui nous avait parue assez désagréable et qui rappelait celle ressentie quelques mois plus tôt à Johannesbourg…

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